« Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte », écrivait Victor Hugo. Nouveau venu en politique, Emmanuel Macron a une idée très précise de la façon dont il compte diriger la France s’il est élu président de la République le 7 mai. Avec lui, pas d’Assemblée constituante ni de VIe République. Le candidat d’En marche ! entend au contraire retrouver les fondamentaux de la Constitution de 1958. « Il veut revenir à la lettre et à l’esprit de la Ve », explique son entourage. Objectif ? Permettre une « alternance de l’efficacité », dit-il. Le risque ? Une concentration excessive des pouvoirs et des corps intermédiaires passés à la moulinette, affirment ses détracteurs.
Refermer les grilles de l’Elysée
« Je ne crois pas au président normal. » Depuis des mois, M. Macron le martèle. Pas question de répéter les erreurs de François Hollande s’il est élu. La « présidence de l’anecdote, de l’événement et de la réaction », très peu pour lui. Au contraire, la France a besoin d’un chef de l’Etat « jupitérien », estime l’ancien ministre de l’économie.
M. Macron réfute l’idée d’un président responsable de tout et s’occupant de tout. Il assure qu’avec lui, il n’y aura pas d’épisode « Leonarda » – cette affaire du nom d’une collégienne kosovare menacée d’expulsion en 2013, close par une déclaration maladroite du président Hollande commentée en direct par l’adolescente.
Plus question de céder à la pression du milieu politico-médiatique, aujourd’hui rythmé par les réseaux sociaux et les chaînes d’information. « Le chef de l’Etat est le garant du temps long », explique le candidat, qui se veut d’abord le gardien des institutions et des six chantiers prioritaires (modernisation de l’économie, renforcement de la sécurité, etc.) qu’il compte lancer s’il est élu.
De cette vision classique des institutions devrait découler une communication corsetée, que ses proches ont déjà théorisée, sur le modèle de la rareté de la parole présidentielle instaurée par Jacques Pilhan, le spin doctor de François Mitterrand et de Jacques Chirac. Instruit des erreurs de M. Hollande, qui a joué la transparence, invitant réalisateurs, photographes, dessinateurs de BD et journalistes à chroniquer le pouvoir de l’intérieur, M. Macron a l’intention de refermer les grilles du palais.
« Quand on va dans un trois-étoiles, on ne visite pas les cuisines avant », répète l’ex-ministre, qui juge que la fonction présidentielle s’est « abîmée » avec les deux présidents précédents, M. Sarkozy et M. Hollande. Déjà, à Bercy, il rencontrait peu les journalistes politiques et se méfiait des « off ». Palais de verre sous M. Hollande, l’Elysée deviendrait sous M. Macron un château de fer difficile d’accès, à la communication verrouillée.
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